le Vendredi 13 juin 2025
le Jeudi 12 juin 2025 18:15 Société

Depuis Yellowknife, elle marche vers Gaza

Amy Lam, au centre-ville de Yellowknife, quelques jours avant son départ pour l’Égypte. « On a tous un rôle à jouer », dit-elle à propos de son engagement envers la cause palestinienne. — Photo Cristiano Pereira
Amy Lam, au centre-ville de Yellowknife, quelques jours avant son départ pour l’Égypte. « On a tous un rôle à jouer », dit-elle à propos de son engagement envers la cause palestinienne.
Photo Cristiano Pereira
Face au blocus et à la crise humanitaire qui s’aggrave à Gaza, Amy Lam a quitté les TNO pour participer à une marche citoyenne internationale, partie d’Égypte, afin de sensibiliser la communauté internationale et dénoncer l’inaction des gouvernements.
Depuis Yellowknife, elle marche vers Gaza
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Lors d’une marche à Yellowknife le 25 mai dernier, Amy Lam dénonce le blocus et appelle à la solidarité avec les civils pris au piège.

Courtoisie

« Il faut retrouver notre humanité commune. On ne peut plus attendre. » C’est avec cet esprit qu’Amy Lam, membre du groupe YK Citizens for Ceasefire, a quitté Yellowknife le dimanche 8 juin pour se rendre en Égypte. La Ténoise rejoint la Marche mondiale vers Gaza, une mobilisation internationale destinée à attirer l’attention sur la crise humanitaire qui sévit dans la bande de Gaza.

Des participants venus de plus de 50 pays, selon l’Al Jazeera, sont attendus au Caire le 12 juin. Ils se rendront ensuite en autobus à Al Arish, et, à partir de là, ils entameront une marche de 48 kilomètres en direction du poste-frontière de Rafah – le seul point d’entrée vers Gaza depuis l’Égypte. L’objectif, protester contre le blocus et le manque d’aide humanitaire pour les plus de deux-millions de civils piégés sur place.

Urgence et indignation

Avant son départ, assise à une table du Birchwood Café, en plein centre-ville de Yellowknife, Amy a expliqué à Médias ténois pourquoi elle a décidé de rejoindre cette action. « Des gens meurent de faim pendant que la nourriture pourrit à quelques mètres. D’autres sont tués par balle alors qu’ils tentent simplement de nourrir leurs familles », dénonce l’activiste. Elle affirme partir en Égypte « parce que les gouvernements et les institutions internationales échouent à empêcher ce que fait le gouvernement israélien ».

Militante engagée depuis près de deux ans, Amy Lam s’implique dans la solidarité avec la Palestine à travers des lettres, des rassemblements et des campagnes de sensibilisation. Depuis octobre 2023, elle coorganise chaque samedi une manifestation sous la bannière Stop for Gaza, au centre-ville de Yellowknife. Elle remarque que le regard du public évolue et qu’il y a désormais « plus de klaxons, plus de soutien », même si, selon elle, la présence physique des gens reste indispensable.

Animée par un sentiment d’urgence, Amy Lam considère ce moment comme l’un des tournants majeurs de notre époque. Elle évoque un génocide qui se déroule sous nos yeux, relayé en temps réel sur nos téléphones, et s’indigne : « On dit souvent “plus jamais ça”, mais il n’y a plus d’excuses pour ignorer ce qui se passe. »

Un voyage très incertain

Le projet est entièrement autogéré. « On nous a conseillé de prévoir entre 2 500 et 3 000 dollars pour le voyage. Tout est à nos frais, il n’y a aucun appui gouvernemental. C’est un mouvement civil, de base », précise-t-elle. L’activiste a, quant à elle, utilisé des points de fidélité pour payer son billet d’avion.

Sur place, les incertitudes logistiques sont nombreuses. « On ne sait pas si on pourra franchir les points de contrôle militaires. Les organisateurs ont prévu plusieurs scénarios. Il faudra être réactifs », envisage-t-elle.

Pour ceux qui se sentent impuissants devant la violence, Amy Lam propose des gestes concrets : « Écrivez à votre député. Boycottez les produits israéliens. Participez à des manifestations. N’alimentez pas une économie qui transforme votre argent en bombes. »

En route vers Le Caire, Amy Lam garde en tête cette conviction : le silence est complice. « On a tous un rôle à jouer. Et on ne pourra pas dire, plus tard, qu’on ne savait pas. »

Trois actions citoyennes étaient prévues pour converger vers la frontière : la marche terrestre, le convoi Sumud transportant de l’aide humanitaire depuis la Tunisie, et la Freedom Flotilla, une mission maritime qui comptait notamment parmi ses rangs l’activiste Greta Thunberg. Mais le voilier Madleen, qui avait quitté l’Italie le 1er juin dans le cadre de cette flottille, a été intercepté par l’armée israélienne le 8 juin, avant d’atteindre les côtes de Gaza.