Alors que le campement de tentes prend forme près du Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles, les responsabilités réelles semblent s’étioler entre les différents niveaux de gouvernement. Si tous affirment collaborer, aucun ne s’engage, pour l’heure, à fournir les infrastructures de base nécessaires sur le site comme des toilettes, des poubelles ou de l’eau potable.
Rôle flou de la Ville
La Ville de Yellowknife se limite à des actions ciblées. « Notre rôle dans les campements est assez limité, mais nous voulons nous assurer que les gens soient en sécurité et puissent accéder aux services d’urgence », a déclaré le directeur municipal Stephen Van Dine à Médias ténois. Des inspections conjointes avec le Bureau du commissaire aux incendies, des inspecteurs en bâtiment et des agents municipaux ont été menées. Une structure non conforme a déjà été démantelée.
Pour M. Van Dine, le regroupement des tentes en un même lieu facilite le suivi municipal : « C’est plus simple que lorsqu’elles sont dispersées. » Mais sur le plan logistique, les besoins de base ne sont toujours pas couverts. La Ville ne fournit ni toilettes portatives ni bacs à déchets. « Nous cherchons à clarifier si le GTNO prévoit de le faire. Si ce n’est pas le cas, nous veillerons à ce que ce soit fourni sous une forme ou une autre pour des raisons évidentes de santé publique », explique le directeur. Rien n’indique, à ce jour, que cette mesure a été prise.
Face à cette incertitude, le conseil municipal a adopté le 9 juin dernier une résolution unanime réclamant du GTNO qu’il assume ses responsabilités en fournissant les services essentiels dans les campements. Le texte précise que l’accès à des installations de base relève du gouvernement territorial, tout en réitérant l’engagement de la Ville à faire respecter les règlements et à contribuer au nettoyage si une demande formelle est faite.
Nous cherchons à clarifier si le GTNO prévoit de le faire.
Un soutien sans campement
Du côté du ministère de l’Exécutif et des Affaires autochtones (EAA), qui chapeaute la coordination intergouvernementale en matière d’itinérance, la ligne est claire : « Nous ne soutenons pas les campements organisés, car ils peuvent malheureusement devenir des lieux d’exploitation », a affirmé sa porte-parole Toyeke Adedipe. L’EAA privilégie l’accès aux services existants. En lieu et place d’un soutien direct sur le site, le gouvernement met à disposition des cartes identifiant les terrains où camper est permis, ainsi que les lieux publics dotés de toilettes ou de poubelles.
Même logique pour Habitation TNO, l’agence responsable du logement social. « Nous collaborons avec la Ville de Yellowknife, plusieurs ministères territoriaux et des partenaires communautaires afin d’évaluer les besoins, proposer des solutions d’hébergement et accompagner les personnes vers des milieux plus surs et stables », a affirmé le porte-parole Gavin Craig. Si l’agence évoque une approche de réduction des méfaits à court terme, elle ne prévoit aucune intervention concrète sur place.
Le seul engagement précis mentionné concerne l’ouverture prochaine d’un centre de transition. « Un centre de transition de 25 places doit ouvrir à l’automne 2025 », a indiqué Gavin Craig.
Au-delà des déclarations, le constat demeure alors qu’aucune structure n’a encore été installée dans le campement. Et chaque partie semble espérer que l’autre prendra l’initiative. En attendant, les personnes qui y vivent restent sans eau, sans toilettes, sans électricité.