Le gouvernement des TNO a renforcé, au printemps dernier, un service territorial de médiation familiale. Il avait envisagé de répondre à environ 25 demandes par an. En l’espace de six semaines, ce chiffre est en voie de déborder bien au-delà de la planification initiale.
Après avoir mené un projet pilote de médiation familiale avec une personne ressource à l’échelon du territoire de 2005 à 2008, le gouvernement des TNO a décidé d’améliorer ce service en recrutant six médiateurs, disponibles en permanence et sur simple appel téléphonique. Cette mesure répond au souci gouvernemental de réduire les dépenses en frais de justice tout en permettant à des individus de résoudre par eux-mêmes leurs conflits familiaux dans les cas de divorce ou de séparation.
« Notre système judiciaire est vieux, pétrifié, avec beaucoup de règles, et il est difficile de trouver une réponse humaine quand il s’agit de trancher dans des relations compliquées, car le système de la Cour est basé sur le conflit, c’est ce dernier qui va définir ce qui arrivera dans le futur. Ça devient malsain, car le conflit peut même subjuguer le bien-être de la famille, voire celui des enfants. »
Celui qui décrit en ces termes le système judiciaire classique s’appelle Joe Pintarics. Il est l’un des six médiateurs territoriaux, multilingue, le français étant l’une des langues qu’il pratique. Il est basé à Yellowknife, mais se déplace à domicile si cela est plus confortable pour la famille qui requiert ses conseils. Il a plus de 20 ans d’expérience professionnelle en travail social et il a tout naturellement été recruté par le gouvernement des TNO pour faire partie de la nouvelle équipe en place.
« La médiation a toujours existé dans le monde, poursuit-il. La beauté de cette pratique, c’est quand les parties en conflit trouvent une résolution entre elles. Dans ce cas, le résultat leur appartient, car elles l’ont créé. Ce n’est pas une solution imposée. Ça coûte moins cher que des avocats et les résultats sont plus durables. »
Concrètement, une personne en recherche de médiation peut appeler un numéro gratuit, le 1-866-217-8923 pour entrer en contact avec un médiateur. Celui-ci explique les principes et les limites de la médiation et son rôle, qui consiste à faciliter la prise de décision entre les parties.
« Chaque couple apporte une énergie très personnelle, explique M. Pintarics. J’essaye d’anticiper la manière dont la médiation pourrait évoluer. Car ce qui s’arrête officiellement dans une relation entre deux partenaires, c’est la vie physique, matérielle. Mais les rêves construits par le couple ne s’arrêtent pas instantanément, comment les arrêter ? C’est ça qui devient compliqué émotionnellement et c’est là que la médiation offre une perspective différente pour résoudre un conflit. Une médiation peut durer sur plusieurs sessions. »
Les conflits les plus fréquents portent sur les divorces et le partage d’un patrimoine ainsi que la garde d’enfants. Mais ils peuvent toucher également des questions telle que le calcul des retraites accumulées pendant un mariage ou une équité de revenus et de pouvoir au sein d’une famille qui va se séparer.
Le service territorial va être mené pendant deux ans pour subir une première évaluation en 2010. Le gouvernement souhaite voir si ce système permet de faire réellement des économies en matière de frais de justice.