Il existe une véritable frontière Nord-Sud, lorsque l’on compare le pourcentage de jeunes au sein de la population canadienne.
Le Nord du Canada possède un pourcentage plus élevé de résidents de moins de 15 ans que la partie sud du pays. C’est ce que révèle une compilation de données statistiques publiée par le Conference Board du Canada en ce début d’année. Mais dans ce document intitulé Ces jeunes aujourd’hui, le Nord ne se limite pas au-dessus du 60e parallèle comme à l’habitude. La frontière du Nord s’impose ainsi au Nord des provinces et délimite un véritable point charnière concernant la place des jeunes dans les collectivités du Canada. Au Sud du pays, les enfants ne représentent en moyenne pas plus de 17,5 % de la population. Dans le Nord des provinces et dans les territoires, les moins de 15 ans occupent une place beaucoup plus importante au sein de la démographie de leur communauté (une moyenne de 24 %).
C’est le Nord de la Saskatchewan et le Nunavut qui sont identifiés comme les régions possédant le nombre d’enfants le plus important par rapport au reste de leur population (34 %). En comparaison, c’est au Sud des trois provinces des prairies que l’on retrouve le pourcentage des moins de 15 ans le plus élevé du Sud du pays (19 %).
D’après les calculs du Conference Board, les Territoires du Nord-Ouest se partagent en deux régions avec 23 % dans les collectivités zonées autour du Grand lac des Esclaves et de la région Deh Cho, et 27 % dans les collectivités présentes en aval du fleuve Mackenzie et dans l’Arctique. Dans la présentation de son document, ce groupe de réflexion penché sur le Nord canadien avance que cette différence entre le Nord et le Sud du pays va nécessairement impliquer une orientation différente des politiques sociales. « Alors que les décideurs au Sud du Canada sont préoccupés par les soins de santé pour les aînés et le financement des plans de pension, ceux du Nord devront passer les prochaines décennies à convenir aux besoins d’une population bien plus jeune », peut-on lire dans le document.
De moins en moins de jeunes
D’après le bureau des statistiques du gouvernement ténois, les jeunes de moins de 15 ans représentent 22 % de la population territoriale en 2010. Concrètement, ce sont 9531 jeunes de 0 à 14 ans qui vivent sur l’ensemble des TNO. C’est en 2007 que le nombre des moins de 15 ans est passé sous la barre symbolique des 10 000 jeunes (9855) alors qu’ils étaient 10 029 en 2006. Selon Vishni Peeris, la statisticienne territoriale, cette tendance à la baisse s’est amorcée dès la fin des années 90. « Les premières statistiques que je possède remontent à 1991 et je peux observer un pourcentage de 28 % de la population qui serait âgé de moins de 15 ans. Ce pourcentage est stable jusqu’en 1998, où un faible déclin s’opère pour cette tranche de la population. »
Ce qui fait dire à Magaret Melhorn, la sous-ministre des Finances, que malgré un pourcentage encore assez élevé de jeunes aux TNO, les territoires n’échappent donc pas au vieillissement de la population que l’on retrouve au Canada. « Oui, nous avons un pourcentage de jeunes assez élevé par rapport aux provinces, mais si on regarde les tendances, on observe qu’aux territoires également, c’est la population des aînés qui s’accroît le plus rapidement. »
Pour celle qui sonde les priorités pour aider à établir le budget territorial, le besoin en infrastructures s’adressant à la cohorte des plus âgés devient une réalité de plus en plus pressante. « Nous avons une école dans chaque collectivité aux Territoires, mais nous devons nous munir d’infrastructures, telles que l’hébergement pour les personnes âgées, des logements avec assistance », énumère-t-elle, en ajoutant qu’il faut mettre sur pied des centres pour pallier aux dégénérescences, comme la démence, qui affectent les possibilités d’adaptation sociale.
Mme Melhorn note que les fonds attribués par le Canada aux TNO reflètent une nécessité fiscale et que « s’est enfoui dans cette formule que se retrouve le financement adressé aux besoins de la jeunesse ». Elle assure tout de même que plusieurs initiatives spécialement adressées aux jeunes sont mises en place. « Ce n’est pas comme si nous réfutions qu’une large partie de notre population est composée de jeunes », rappelle-t-elle. La sous-ministre avance que les TNO reçoivent plus de financement que les provinces en raison du coût plus élevé de la vie et assure que pour faire une différence par rapport aux programmes nationaux qui ciblent une partie de la population, les régions du Nord revendiquent toujours le fait qu’ils soient attribués sur une base minimale et non en fonction du nombre d’habitants.
Et dans 15 ans
Quant aux projections, Mme Peeris estime que la catégorie d’âge des moins de 15 ans sera plutôt stable. « Elle diminuera d’un demi pour cent environ. Alors nous projetons que ce pourcentage restera relativement stable pour les prochaines années », affirme-t-elle. Lorsqu’elle commente les projections concernant les Ténois âgés de plus de 60 ans, la statisticienne indique que la tendance change drastiquement. « Les projections indiquent que d’ici les 15 prochaines années, le pourcentage des aînés au sein de la population ténoise doublera. »
En 2010, les aînés représentaient 9 % de la population territoriale, c’est-à-dire, approximativement 4100 individus.
