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le Jeudi 24 février 2011 16:07 Santé

Chronique santé Les Noirs sont de bons sprinters mais de mauvais nageurs : mythe ou réalité?

Chronique santé Les Noirs sont de bons sprinters mais de mauvais nageurs : mythe ou réalité?
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C’est en discutant avec mes collègues de mes performances plutôt désastreuses en natation (je suis canadien d’origine africaine), qu’on s’est demandé s’il y avait une explication scientifique à ce phénomène. Eh bien, le professeur Adrien Bejan, de l’Université Duke pense avoir trouvé la réponse. La clé se trouve dans le centre de gravité d’un athlète, qui semble se situer plus haut chez les sportifs de race noire que chez les Blancs.

Une étude d’Adrian Bejan, parue dans la revue scientifique International Journal of Design and Nature and Ecodynamics, en juillet 2010, a comparé les performances des athlètes et des nageurs de différentes ethnies humaines depuis le début du 20e siècle. Il en ressort que depuis l’année 1930, les détenteurs du record mondial du 100 m sont en majorité des athlètes Noirs (28 pour six Blancs et un Asiatique), « particulièrement ceux originaires d’Afrique de l’Ouest » précise Adrian Bejan. À l’inverse, les champions de natation sont quasiment tous blancs. Depuis 1905, ils sont 27 à avoir battu le record du monde du 100 m nage libre, contre un seul Asiatique et aucun Noir! Les preuves accumulées jusqu’ici ont démontré les différences morphologiques entre les Noirs et les Blancs, explique Edward Jones, professeur à l’Université Howell et coauteur avec Bejan.  Dans le cas de la natation, l’arbre généalogique des nageurs les plus rapides remonte en Europe, explique Jones, donc en majorité à la peau blanche. Il faut lire les résultats comme une observation biologique, non raciale, insistent les auteurs.

D’après des mesures anthropométriques sur des sportifs de haut niveau, mais également sur des groupes de militaires de 17 pays : les hommes originaires d’Afrique de l’Ouest « ont des jambes plus longues et une circonférence des bras et des mollets plus fines » que les Asiatiques ou les Européens. Du coup, leur centre de gravité se retrouve, en moyenne, déplacé de trois centimètres vers le haut. Ce qui leur attribue pendant la course un gain de vitesse de 3 % sur les blancs. « La locomotion étant un processus de chute vers l’avant, la masse musculaire tombe ainsi de plus haut et plus vite » précise le chercheur. Inversement, les Européens ayant un torse plus long que les Noirs, leur centre de gravité se situe plus bas. « Le corps d’un nageur est un levier qui oscille autour de son centre de gravité et génère des vagues, continue Adrian Bejan. Le nageur qui fait la plus grosse vague avance le plus vite et plus son torse est long, plus la vague est importante ».

En moyenne, cette caractéristique anatomique procure aux Blancs un avantage de vitesse qu’il évalue à 1,5 % : une différence statistique d’apparence insignifiante, mais qui fait toute la différence entre le podium ou la déconfiture, quand tout se joue sur les centièmes de seconde dans les compétitions d’élite à la course ou en natation.

Source : www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2010/07/13/gravite-coeur-vitesse