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le Jeudi 20 novembre 2014 11:15 Société

Autoconstruction Construire sa mini-maison sur roues

Autoconstruction Construire sa mini-maison sur roues
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Il y a un certain vide juridique autour de la micro-habitation
 

Ras le pompon de payer un prix démoniaque pour un loyer ridicule? Séchez vos pleurs et prenez un marteau comme Étienne Croteau, qui a construit sa propre micro-habitation.
Idéal pour les personnes seules, le concept de micro-habitation aurait pris de l’ampleur aux États-Unis après l’ouragan Katarina et la crise des subprimes. On peut se procurer des plans sur Internet, mais les trouvailles du directeur général de l’Association franco-culturelle de Yellowknife (AFCY) ne le satisfaisaient pas. « Je changeais une seule mesure dans les plans, déplore Étienne Croteau, et ça se répercutait sur toutes les autres. Alors j’ai dessiné des plans avec mon père, qui est charpentier. »
Étienne a imaginé comme modèle un genre de Winnebago écologique pour lequel il a acheté la plus grosse remorque sur le marché. Pour ne pas en abîmer l’essieu, il a dû tenir compte d’un poids maximal de 14 000 livres dans la conception de l’habitation, qui a été isolée avec du polyuréthane, ce qui a solidifié sa structure.
Le bâtiment mesure 22 pieds de long par neuf pieds de large, pour une hauteur variant entre neuf et 13,5 pieds. Étienne s’est rendu compte trop tard que sa micro-habitation est trop haute pour la transporter sur les routes au Québec.
C’est petit, c’est un défi. Il faut donc maximiser l’utilisation de l’espace. Par exemple, le lit est au plafond d’où on le descend avec un système de poulies. Pour éviter le sentiment d’étouffement, Étienne Croteau a maximisé l’espace fenestré, avec, entre autres, deux baies vitrées.

Législation
Étienne a privilégié les solutions les plus environnementales possible dans son loft à roulettes. Toilette compostable, éolienne et panneaux solaires sont au rendez-vous. Il y a même un pédalier électrique pour charger les batteries! Le chauffage fonctionne au propane. Étienne Croteau, qui faisait le 18 novembre à Hay River une conférence sur son expérience, n’a pas utilisé des matériaux recyclés, pour des raisons de logistique et de peur de diminuer la valeur de la maison.
Quand le DG de l’AFCY aura terminé le boulot en décembre, ça lui aura pris quatre mois de travail à temps partiel et environ 45 000 $ de matériaux et de main-d’œuvre. « Mais ça vaut beaucoup plus », dit-il.
Si la charpente a été du gossage de tête, le reste a été sans lézard pour cet homme élevé dans le milieu de la construction. Les vraies questions sont : comment assurer sa micro-habitation et où l’installer?
« J’utilise actuellement, explique Étienne, une police d’assurance pour véhicule récréatif, parce qu’il n’y a pas d’assurances au Canada pour ce type d’habitation de petite taille. Je tente de convaincre une compagnie canadienne d’adopter le modèle développé par la firme Darrel Grenz aux États-Unis. »
Étienne pourrait installer sa maison sur le lac l’hiver, sur un terrain de camping l’été (il peut se brancher sur un circuit électrique interne). Mais le reste de l’année? Les micro-habitations tombent dans un vide juridique. Étienne Croteau a intéressé un conseiller municipal de Yellowknife à ce dossier. « La ville, dit-il, pourrait réserver un terrain spécifiquement pour ce type d’habitation, ça ne nuirait pas aux promoteurs immobiliers parce que ça n’intéresse pas tout le monde. »