le Vendredi 20 juin 2025
le Vendredi 24 mars 2006 0:00 Économie

Mine Ekati Le syndicat dépose un ultimatum

Mine Ekati Le syndicat dépose un ultimatum
00:00 00:00

S’il n’y a pas immédiatement de progrès dans les négociations, les mineurs d’Ekati enclencheront une grève générale illimitée, le 29 mars. C’est l’ultimatum qu’ont lancé à leur employeur les Travailleurs unis du diamant, représentés par la branche nordique de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC).

Lundi dernier, le syndicat a déposé un avis de grève à BHP Billiton, à qui appartient la plus grosse mine de diamants en opération au Canada. Depuis plus d’un an et demi, les travailleurs d’Ekati tentent de conclure ce qui serait leur toute première convention collective.

Une proposition finale a été présentée aux membres en février, le syndicat recommandant alors d’accepter l’offre de la compagnie australienne. Or, le 14 mars, les travailleurs ont massivement rejeté la proposition. Les trois quarts d’entre eux ont voté contre.

Depuis, les négociations sont au point mort. Selon le vice-président de l’AFPC pour la région du Nord, Jean-François Des Lauriers, c’est suite au refus de la compagnie de retourner immédiatement à la table de négociation que la décision de déposer un avis de grève a été prise.

Du côté de l’employeur, on indique qu’avant le dépôt de l’avis de grève, BHP avait suggéré de reprendre les négociations à partir du 18 avril, date avant laquelle le négociateur de la partie patronale ne serait pas disponible. Cette information a été corroborée par Des Lauriers qui juge, cependant, que cet échéancier est trop long, voire que cela fait montre du peu d’intérêt que porte l’employeur pour les négociations.

« Qu’est-ce qui pourrait être plus important que de retourner à la table de négociation quand on a une grève imminente qui nous pend au nez? », demande le syndicaliste.

Une porte-parole de BHP Billiton, Deana Twissel, affirme que la compagnie jauge présentement la possibilité d’une reprise plus hâtive des négociations. « Nous avons reçu l’avis de grève et nous examinons présentement nos options », déclare-t-elle.

Ce seront là les seuls commentaires publics de la partie patronale. « Notre compagnie préfère ne pas négocier à travers des médias », affirme Twissel.

Salaires et vacances

Selon Des Lauriers, qui précise qu’il se fonde sur les commentaires des membres du syndicat, la question des salaires serait un des points les plus importants à revoir.

Non pas que les salaires ne conviennent pas aux travailleurs, ce serait plutôt la façon de les déterminer qui dérange. En ce moment, les salaires sont fixés au gré de l’employeur, selon une évaluation personnelle des employés. « C’est complètement basé sur leur évaluation », indique le vice-président de l’AFPC qui préconise plutôt une échelle salariale définie par la convention collective.

Les travailleurs d’Ekati voudraient également davantage de vacances. « En ce moment ils n’ont droit qu’à deux semaines de congé par année », affirme Des Lauriers.

On sait toutefois que les quarts de travail des mineurs sont de deux semaines à la mine, suivies de deux semaines à la maison. On pourrait donc penser que, en définitive, les mineurs sont en congé six mois par année.

Mais le syndicaliste réfute cette mathématique. « Pendant les deux semaines à la mine, ils travaillent 12 heures par jour, sept jours par semaine. », dit-il. Même en comptant les deux semaines de relâche mensuelles, la semaine de travail moyenne d’un mineur dure donc à peu près 42 heures. « Quand les travailleurs reviennent la maison, ils sont exténués », commente le syndicaliste.

En outre, les travailleurs demandent des compensations pour le travail lors des jours fériés, ce qu’ils n’ont pas en ce moment. Ils recherchent aussi à faire reconnaître leur ancienneté et à être consultés lorsque l’employeur offre des emplois en sous-traitance.

Autochtones

Le syndicat affirme aussi vouloir de meilleures conditions de travail pour ses membres autochtones.

Déclarant toujours se référer aux commentaires émis par les membres, Des Lauriers prétend que les travailleurs autochtones sont traités différemment des autres travailleurs, notamment quant aux évaluations de performance. « Les évaluations sont plus dures pour eux autres, dit-il. Ça compromet leurs chances d’avancement. »

Il n’est pas question d’imposer des quotas minimaux d’embauche pour les autochtones, étant donné que des exigences ont déjà été fixées à cet effet avec la nation Tlicho, lors des négociations de la compagnie sur l’accès aux terres autochtones. Cependant, le syndicat note le besoin de fournir de l’information plus détaillée à ce sujet.

« Nous n’avons jamais réussi à obtenir un chiffre concret, là-dessus », déplore Des Lauriers.

Ekati est la seule mine de diamants syndiquée au Canada.