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le Vendredi 6 février 2009 0:00 Économie

Le CDÉTNO et le Budget fédéral: On le juge insatisfaisant

Le CDÉTNO et le Budget fédéral: On le juge insatisfaisant
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Le président du CDÉTNO n’est pas satisfait du budget fédéral 2009. Par un communiqué de presse envoyé aux médias locaux et à RDÉE Canada (Réseau national de développement économique francophone), il déclare que son organisme n’appuie pas ce budget. « Dans une période de crise économique, le gouvernement doit faire preuve d’innovation et offrir des investissements qui auront des impacts à court terme, tout en assurant la durabilité de ces mesures, ce que le présent budget ne fait pas », déclare-t-il.

Ses critiques sont révélatrices des préoccupations de l’organisme de développement économique francophone. Pour le CDÉTNO, une croissance passe par une politique sociale tournée vers le bien-être des habitants et par une volonté de développement durable. Concernant des mesures fiscales, M. Lamoureux plaide afin que les propriétaires soient davantage aidés. « Le CDÉTNO propose de réduire le montant minimal à dépenser sur les rénovations de 10 000 $ à 5 000 $ pour avoir droit à la prime de 1 350 $ », dit-il. Mme Francoeur, directrice du CDÉTNO, approfondit cette proposition. « Nous pensons que les jeunes familles, les propriétaires qui n’ont pas un revenu élevé doivent avoir accès eux aussi à la prime, détaille-t-elle. Actuellement, beaucoup de projets sont sur du court terme en construction et nous croyons que si les familles sont aidées financièrement, cela les incitera à consommer, à créer ou à maintenir des emplois dans la rénovation à long terme. » De même, une augmentation de la prime de vie dans le Nord aurait, selon le président du CDÉTNO, un impact positif sur l’attractivité territoriale. « Le taux de mobilité de la population est de moins de cinq ans, poursuit Mme Francoeur. Nous disons que si les gens avaient une meilleure prime d’éloignement, ils resteraient plus longtemps. »

Créer de façon durable

M. Lamoureux se désole de constater une faible motivation d’innovation. Il note qu’il ne suffit pas de subventionner des programmes de formation, il faut également faire un suivi de l’employabilité et prévoir une nouvelle économie, de nouveaux emplois, promouvoir de nouvelles approches dans des domaines professionnels jusqu’alors peu valorisés dans le Nord. « Le gouvernement devrait investir davantage dans le développement de projets qui contribueront à bâtir une nouvelle économie », affirme-t-il.

Mme Francoeur appuie cette vision en citant des exemples de secteurs potentiellement porteurs d’emplois à long terme. « Il y a ici un gros potentiel hydroélectrique, on pourrait développer aussi des projets dans le solaire et dans l’agriculture, dit-elle. Il y a 30, 40, 50 ans, il y avait des fermes d’élevage et des serres qui produisaient localement. On pourrait investir dans la recherche et relancer des emplois dans ce domaine. En tourisme, il y a de quoi faire de beaux projets. Mais, pour l’instant la qualité n’est pas toujours en phase avec l’approche marketing de ces produits. » Que ce soit pour favoriser l’emploi, la mobilité professionnelle, la création d’entreprises, le développement rural ou l’attractivité touristique, M. Lamoureux remarque qu’il manque cruellement de réseaux de transport. Il aurait souhaité que le budget fédéral tienne compte de cet aspect. Ses propos rejoignent ainsi le chœur des députés territoriaux et du député fédéral qui font pression pour la construction d’infrastructures de transport. « Nous croyons également que l’économie du Nord prendrait une importante envolée avec de réels investissements sur l’infrastructure routière, telle une route le long du Mackenzie », déclare-t-il.

Cependant, selon le président du CDÉTNO, le gouvernement fédéral marque un point en sa faveur par la volonté de créer une agence de développement économique du Nord. À ce sujet, Mme Francoeur explique comment un tel organisme peut apporter un nouvel élan de création économique. « Depuis le début des années 1990, des acteurs du Nord réclamaient ce type d’agence et on va l’avoir. Le gouvernement fédéral a commencé une consultation auprès des organismes de développement économique, dont nous faisons partie. Cette étude servira à définir la structure et le fonctionnement que l’on voudrait voir pour ce futur organisme. D’autres régions au Canada ont déjà une agence de ce type, et c’est incroyable de voir l’impact qu’elle a en faveur du développement économique. »

Depuis sa création en 2003, c’est la première fois que le CDÉTNO exprime une opinion publique aux niveaux local et national par rapport à des événements politiques, tel le budget fédéral. Pour Mme Francoeur, cette démarche correspond au positionnement de plus en plus net du CÉTNO en tant qu’acteur économique incontournable dans le Grand Nord canadien.