L’automne dernier, j’ai réussi à récolter un caribou impossible avec un tir impossible.
L’aventure s’est déroulée aux frontières du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest, plus précisément sur les sommets de ce que l’on appelle les “Caribou’s Cries” des Monts Mackenzie.
Nous étions tellement aux abords du Yukon qu’il me fallait constamment vérifier notre position à l’aide de mon GPS. La chasse aux caribous est de plus en plus conroversée et même interdite dans plusieurs territoires canadiens, ce qui a grandement motivé mon désir de mettre l’accent sur la chasse aux caribous.
En somme, mon effort principal pour ma saison 2016 fût le caribou de montagne. Je désirais prendre le caribou de mes rêves pendant qu’il était encore permis de le faire. Donc, laissez moi vous partager en quelques mots ce que je surnomme, avec un peu de recul, ma mission impossible.
Dès ma première journée de chasse, plusieurs occasions se sont présentées devant moi sans pour autant remplir les critères étroits que je m’étais fixés. Après avoir patrouillé les vallées et les plateaux sans succès je devais maintenant travailler les montagnes et les endroits plus difficiles d’accès.
Après le deuxième jour d’ascension, me voilà à plus de 1500 verges d’un caribou géant. Il se trouvait de l’autre côté d’une superbe vallée de toundra. Évidemment, il me fallait l’approcher davantage pour être en mesure d’effectuer un tir sans être repéré. Plus j’avançais vers lui, plus la décision de ne pas traverser la vallée apparaissait inéluctable, puisqu’il m’était impossible de l’approcher sans me faire voir.
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y avait une forte présence de grizzlys dans le secteur, ce qui rendait les caribous très méfiants et peu tolérants.
À 800 verges de la bête, je profitai des conditions idéales pour effectuer un tir à longue portée. Maintenant à genoux, je déposai mon sac à dos au sol de sorte à l’utiliser comme appui. Mes bouchons d’oreilles étaient en place et, sans aucun compromis, j’adoptai une position de tir couché. J’étais tellement bien installé que j’avais le sentiment de pouvoir y passer toute la journée, si vous voyez ce que je veux dire.
Le temps s’arrêtait et je me concentrais désormais sur les moindres détails qui pourraient affecter mon tir. La lunette de tir était réglée et je n’avais pas besoin de compenser pour le vent, puisqu’il n’y en avait pas.
Le ciel était complètement et j’étais parfaitement dans ma bulle, calme et prêt à faire feu. Le tir effectué, je perdis la cible un instant et François qui saisissait entièrement la scène sur la caméra s’exclamait: «Tu l’as eu! Tu l’as eu!»
Rapidement, je ramenai le réticule de ma lunette sur la cible et je constatai sans l’ombre d’un doute que mon tir avait été mortel.
Je n’avais visiblement pas besoin d’effectuer un autre tir. Le caribou des montagnes tomba lourdement au sol et c’est à ce moment précis que je réalisai que je venais de récolter le caribou impossible, avec un tir impossible.
C’est avec une marque de 366 5/8 « Boone & Crockett » (après déduction) que je considère la mission du caribou impossible accomplie.