En novembre 2016, en l’espace de 36 heures, sept surdoses attribuables à la consommation de fentanyl surviennent à Yellowknife. Depuis, aucun autre cas n’a été signalé aux urgences, selon l’administrateur en chef de la santé publique.
Le Dr André Corriveau explique qu’une petite quantité de fentanyl peut être 100 fois plus puissante que l’effet de la morphine.
« Les consommateurs vont acheter, par exemple, ce qu’ils pensent être de l’Oxycontin ou de la cocaïne et puis ils vont avoir du fentanyl mélangé avec. C’est ça le problème. Ça peut être du fentanyl pur, mais souvent ça va être mélangé. Par exemple, l’automne passé, ils vendaient ce qu’on appelle des green pills. C’est présenté comme de l’Oxycontin, qui est un médicament qui est souvent prescrit pour des douleurs aiguës. Alors que les gens pensaient que c’était ce qu’ils achetaient, c’était vraiment un mélange avec du fentanyl », détaille-t-il.
Le dosage de cette substance achetée en Chine et importée par la poste n’est souvent pas contrôlé lors du processus de transformation.
« L’autre problème, poursuit le Dr Corriveau, c’est que tu peux avoir une capsule qui est beaucoup plus puissante qu’une autre. Alors la personne peut prendre une pilule et n’aura pas l’effet voulu parce qu’il y en a beaucoup moins. Après ça, ils prennent une deuxième pilule et dans cette dose, il y en a trois fois plus. C’est là qu’il peut y avoir un problème de dosage parce que tu ne peux pas vraiment savoir d’une pilule à l’autre ».
Naloxone : Trousse de secours
La priorité, selon l’administrateur en chef de la santé publique, a été de rendre la naloxone plus facilement disponible dans toutes les collectivités des TNO.
« C’est un antidote, les gens peuvent se le procurer. Si quelqu’un sait que quelqu’un à la maison prend de la drogue, avoir un kit à la maison peut sauver une vie. Parce qu’un des effets secondaires d’une surdose de fentanyl, c’est que les gens arrêtent de respirer. Le centre respiratoire dans le cerveau est anesthésié et alors tu n’as pas beaucoup de temps pour réagir. Tu dois savoir faire le RCR et donner l’antidote qui va renverser les effets du médicament », dit-il, en ajoutant qu’il s’agit d’une question de minutes et que l’ambulance pourrait arriver trop tard.
En rendant la naloxone disponible gratuitement et dans toutes collectivités, le spécialiste espère que les personnes qui vivent avec des consommateurs de drogues illicites apprennent à utiliser la trousse de secours.
Dans le cas d’une surdose de fentanyl, « la personne va décéder ou avoir des effets irréversibles au cerveau si elle ne recommence pas à respirer rapidement ».
Le médicament est offert dans les pharmacies et dans les centres de santé à travers le territoire et les pharmaciens et infirmières cliniciennes sont en mesure de former les gens qui souhaitent l’utiliser à la maison. La trousse comprend le médicament, la seringue et des instructions.
À ce jour, la pharmacie Sutherland’s à Yellowknife a distribué deux pulvérisateurs nasaux, une autre forme sous laquelle la naloxone est disponible gratuitement.
La pharmacie Shopper’s n’a pas précisé le nombre de trousses de naloxone distribuées au public.
Le GTNO prépare actuellement une campagne de sensibilisation aux dépendances pour le public, qui devrait être présentée d’ici la fin de l’hiver. De la formation sera en outre offerte aux médecins et infirmières qui prescrivent des narcotiques.
Le 24 janvier, le Sergent Dean Riou de la GRC et Dr Jennifer Harris ont répondu aux questions du public sur le fentanyl, à la salle de conférence de la bibliothèque publique de Yellowknife. Dean Riou a présenté un historique de cette drogue, souvent retrouvée (mais pas exclusivement) sous la forme des comprimés de 80 mg.
Il a évoqué les qualités transdermiques du fentanyl, ce qui veut dire qu’elle peut être absorbée par la peau ; un simple contact peut provoquer une surdose.
Il a également mentionné que le fentanyl avait plus de 30 analogues, et qu’il peut donc avoir d’autres appellations et se retrouver dans différents types de drogues illicites.
Le sergent a conclu sa présentation en demandant aux membres du public ce qu’ils croyaient pertinent d’entreprendre pour lutter contre ce fléau qui se vend à 80 $ le cachet, dans les rues de Yellowknife.