Depuis 1971 se tient à Davos, une grand-messe appelée Forum économique mondial.
Au départ conçue pour réunir les hommes d’affaires européens et américains, cette rencontre annuelle s’est transformée en un grand rendez-vous de l’élite mondiale où se côtoient leadeurs mondiaux, hommes d’affaires, grands patrons, intellectuels, militants de l’environnement ou des droits de l’homme, artistes et autres. Tout ce beau monde est parfois pris à partie par des manifestants que ne découragent pas les mesures de sécurité draconiennes.
L’Homo Davos face aux inégalités
Ce rendez-vous annuel à la station de ski huppée de Davos reste une affaire d’hommes. Le taux de participation des femmes demeure faible, 21 % en 2019.
En 2018, les femmes étaient sur le devant de la scène en tant que coprésidentes de l’évènement, mais c’est resté une image plutôt symbolique.
Le mâle alpha y est représenté dans toute sa splendeur, malgré l’incontournable Christine Lagarde, DG du FMI qui avai lancé: « J’espère que nous pouvons prouver collectivement que, même sans testostérone, il est possible de trouver des solutions. »
Pour parler au Davos Man, il faut utiliser le langage qu’il comprend, celui de l’argent. C’est ainsi que Katja Iversen, directrice de l’organisation Women Deliver, suggère de développer un argumentaire économique qui pourrait inciter l’Homme de Davos à lutter contre les inégalités entre les femmes et les hommes qui se sont accentuées en 2017, une première depuis 10 ans. Le PIB mondial pourrait augmenter de 26 % si les femmes avaient accès aux mêmes débouchés et travaillaient autant que les hommes. Et l’accès aux réseaux d’influence comme Davos est un pas dans cette direction. Les femmes ont besoin des hommes pour briser le plafond de verre, elles n’y arriveront pas par elles-mêmes.
Des réseaux féministes de type Olympe, comme dans le film Numéro Une n’existent pas; les femmes doivent intégrer les mêmes réseaux que les hommes pour percer et évoluer vers les plus hauts sommets.
La femme de Davos en 2019
Cette année, la femme de Davos s’appelle Greta Thunberg et elle a 16 ans. Après 32 heures de voyage — car elle ne veut pas prendre l’avion —, cette jeune fille débarque à Davos et s’adresse aux riches et puissants de ce monde. Elle est déterminée à sauver la planète et elle est devenue l’icône de la lutte contre le changement climatique pour de nombreux jeunes dans le monde. Elle ne veut pas se contenter de l’espoir que les adultes veulent donner aux jeunes. Elle interpelle les politiciens et leur demande de paniquer. La maison brule, Greta le souligne. Les gens doivent réaliser que l’on ne pourra pas faire des affaires sur une planète moribonde.
Greta rappelle que le jetset est à Davos pour se péter les bretelles des succès financiers qui coutent cher à la planète. Greta a le syndrome d’Asperger, elle avoue qu’elle n’aime pas parler aux gens, mais quand il faut, il faut. En décembre 2018, elle était en Pologne et a pris la parole devant la 24e conférence de l’ONU sur le climat. Elle a multiplié les contacts, a parlé avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le président français Emmanuel Macron, et a appelé l’UE à se doter d’un objectif ambitieux de réduction de gaz à effet de serre de 80 % d’ici 2030. Plus ambitieux que celui de la COP21 de Paris qui vise à limiter le réchauffement planétaire à +2 °C par rapport à l’ère préindustrielle.
SKOLSTREJK FOR KLIMATET
Depuis le mois d’aout 2018, Greta Thunberg mène une grève hebdomadaire pour le climat et sèche les cours tous les vendredis pour aller manifester devant le Parlement suédois. Elle démontre son engagement pour l’environnement dans ses gestes quotidiens, elle n’a pas résidé dans un des hôtels cossus de Davos, elle a campé dans la montagne dans une installation éphémère dénommée Arctic Basecamp, où des scientifiques et des activistes du climat se retrouvent pour parler des risques liés aux changements climatiques et des solutions à proposer aux décideurs de ce monde. Elle est végétalienne et a convaincu sa famille d’adopter son style de vie. Son mouvement s’est répandu au-delà des frontières suédoises, en Australie, en Allemagne et au Royaume-Uni. Le 22 février 2019, accompagnée de camarades belges, allemands, suédois et français, elle était à Paris manifestant avec des jeunes pour le climat. Le 15 mars 2019, elle invite à la grève scolaire mondiale pour le climat.
Petite note personnelle : Je demande à mon fils Kyle s’il veut joindre la croisade de Greta et lancer un tel mouvement à l’EASC, mais il rétorque que ce serait plus intéressant si la grève scolaire avait lieu les lundis. Misère ! Il est évident que les femmes vont diriger le monde de demain.