le Vendredi 20 juin 2025
le Jeudi 13 juin 2019 20:11 Société

Kronik Inuvik

Kronik Inuvik
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 Souvent, je regarde l’heure et je vois : zéro deux-points zéro zéro.

La minuterie pour le thé. J’oublie de remettre le four bip à l’horloge numérique. De toute façon. Maintenant, je laisse faire et ça fait toutes sortes d’effets. Parfait, pas de presse, le temps est sur pause; le temps est arrêté. On peut reposer sur des nuages bedonnants en savourant longuement le bon café. Danser avec le sens de son dernier rêve sans interruption. Rêver face à la fenêtre. Rêver aux rêves, des heures durant, le ventre vide, l’esprit léger. Vivement les jours sans fin et le royaume du farniente. Ne rien faire est le loisir des dieux. C’est l’été. Zéro, zéro, zéro. L’inconnu peut commencer. La table est rase, la vie est vierge, ouverte, pleine de possibles, d’aventures inédites, de virées jamais vues, de vivants sans visage, de virages sans virgule, de vie qui va prête à tout prendre ce qui vient; toutes les voies en même temps. Montre et raconte. Cherche et trouve. Boum ! Explose. Expand. Partout et plus rien. Silence, on tombe… Ce cauchemar lucide récurrent. En chute libre dans le vide entre le tac et le tic. Time out. Out of time. Time out out of time. La fin du monde a eu lieu et nous ne le savons pas. Moi, je le sais. Je le savais. Je l’ai déjà su… Me souviens là… Alléluia ! On a réussi à en sortir, à l’arrêter… ! Le temps comme une roue; un mouvement circulaire dont nous serions prisonniers. Un vers m’avait marqué, je ne sais plus de qui : Arrêtez le monde/je veux descendre ! L’existence tel un autobus, un manège forain, un train qui ne s’arrête jamais. Au secours. Sometimes, oui. L’envie de faire ouf pour de vrai, ouf pour un bout, ouf pour un bout… Courage à tous les enseignants qui ont la langue à terre, votre supplice achève !