J’aurais pu parler de choses tellement graves, comme les ouragans qui déferlent à la queue leu leu et qui sont en train de faire de coins paradisiaques, des endroits cauchemardesques. J’aurais pu vous parler de la grippe aviaire qui s’en vient et qui, si on écoute ce qu’on nous dit, décimera la population mondiale d’un bon pourcentage. J’en ferai le sujet d’un article complet un de ces jours. J’aurais pu parler du réchauffement de la planète qui fait des siennes et qui continue de nous étonner. J’aurais pu vous parler du scandale des commandites qui a fait hurler le Canada, qui fera tomber quelques têtes, et qui nous concerne tous comme contribuables. Après tout, c’est bien notre argent qui est tombé dans ce gouffre sans fonds. J’aurais pu vous parler de la descente de la GRC, il y a quelques jours, qui a ébranlé le monde interlope (!!!) de Yellowknife. Bref, j’aurais pu vous parler de bien des choses. Et j’ai plutôt choisi de rendre hommage à Corinne Côté-Lévesque.
Corinne Côté-Lévesque
Cependant, j’ai choisi de m’arrêter au décès de Corinne Côté-Lévesque, l’épouse de René Lévesque, décédée récemment d’un cancer de la gorge. Je connaissais cette femme pour une raison simple. Nous venons toutes deux d’Alma, et je ne parle pas ici d’alma mater, mais de la Ville d’Alma, au Lac St-Jean. En effet, on se connaissait vaguement, car elle n’était pas dans ma classe, mais dans une classe plus avancée, mais nous nous sommes rencontrées à plusieurs reprises, au début de l’âge adulte, et je peux vous dire que c’était une fille extra. Elle avait un bon sens de l’humour, était très cultivée et de très agréable compagnie. Même si j’étais plus jeune, j’ai tout de même pu apprécier les qualités de cette femme, et ça m’a plus ou moins surprise, plus tard, au bout de quelques années, quand j’ai entendu qu’elle était avec René Lévesque. Cet homme de grande culture et de belles femmes n’aura pu faire autrement que d’être irrésistiblement attiré par Corinne qui avait tout ça et bien plus encore.
L’annonce de son décès m’a choquée. Tout d’abord en raison de son âge. Elle était dans la jeune soixantaine, et de nos jours, en ce XXIe siècle, c’est bien jeune pour mourir, quand on sait pertinemment que l’espérance de vie pour une femme va au-delà de 80 ans. Ce qui m’a surprise également, c’est la raison de son décès : le cancer de la gorge. Je n’ai pas pu faire autrement que de faire un lien avec la cigarette, en me demandant si elle avait été victime de fumée secondaire. On se souvient tous de René Lévesque avec sa cigarette au bec. Il fumait comme une cheminée. Et c’est alors que j’ai vu des images d’elle à la télé, et qu’on nous la montrait en train de fumer; plusieurs images, toujours la cigarette à la main. Et j’ai réalisé que ce cancer était peut-être, sans doute attribuable à son propre tabagisme, et non à celui de son célèbre époux.
Son décès m’a choquée également, car prendre connaissance de la mort de gens qu’on connaît, même s’ils sont un peu plus vieux que vous, ça vous fait réaliser que le processus inéluctable de la vie est bien enclenché et qu’un jour ce sera votre tour, et surtout, que ce sera le tour des gens que vous aimez et qui vous entourent. Bref, son décès m’a beaucoup affectée, pas seulement pour sa disparition comme telle, mais pour tous les souvenirs que cette mort a fait ressurgir, pour toutes les pensées moroses déclenchées.
Les plus jeunes n’ont pas pu apprécier René Lévesque à sa juste valeur, mais disons qu’il s’agissait d’un homme d’une intelligence remarquable et d’un charisme sans pareil. Et vous pouvez me croire, s’il a pris Corinne Côté comme épouse, c’est que cette femme était à la hauteur de ce grand homme. Elle nous a quitté, c’est une grande perte et je ne pouvais passer sous silence le départ de cette femme de valeur. Puisse-t-elle reposer en paix!
