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le Jeudi 27 février 2014 15:50 Francophonie

Vie associative Vers une nouvelle Fédération franco-ténoise

Vie associative Vers une nouvelle Fédération franco-ténoise
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Nous avons besoin de nouvelles passions et de nouvelles idées.
 

À l’aube d’une nouvelle direction générale à la Fédération franco-ténoise (FFT), plusieurs de ses membres et partenaires demandent à l’organisme de se renouveler et d’être davantage à l’écoute de ses membres.
À l’occasion du départ de Léo-Paul Provencher de la direction de la FFT, nombre d’acteurs de la francophonie ténoise ont exprimé leur gratitude et leur respect pour son implication dans la cause des droits des francophones. Du même élan, certains d’entre eux ont manifesté leur désir que la FFT retrouve un second souffle. « Les gens qui ont déjà été membres des conseils d’administration de la FFT ont fait leur travail honorablement avec les moyens qu’ils avaient, commente Yvonne Careen, directrice de l’école Allain Saint-Cyr. Là, c’est le temps d’un renouveau. » Pascaline Gréau, directrice générale de l’Association franco-culturelle de Yellowknife (AFCY), abonde en ce sens. « Du sang neuf, dit-elle, ça va faire du bien. Nous avons besoin de nouvelles passions et de nouvelles idées. »
La présidente de l’Association des francophones de Fort Smith, Marie-Christine Aubrey, estime que les Franco-Ténois ont été chanceux que Léo-Paul Provencher soit revenu un temps à la tête de la FFT. Elle entretenait d’excellents rapports avec lui et estimait ses capacités de travail, tout comme celles de Sylvie Carigan. « Néanmoins, avance-t-elle, la FFT a besoin d’une nouvelle vision. Il faut aujourd’hui développer une vision pour demain. Il faut reprendre les consultations pour savoir ce que les associations veulent de la FFT dans les années à venir. » Pour définir cette nouvelle vision, Marie-Christine Aubrey affirme que les membres doivent se rencontrer plus souvent qu’une fois l’an.

Centralisation et démocratie
Les membres et partenaires de la FFT précisent des éléments qui, croient-ils, doivent s’inscrire dans le renouvellement de l’organisme. « Il y a beaucoup d’opacité à la FFT, déplore Jacques-Benoît Roberge, membre du conseil d’administration de l’AFCY. L’organisation transmet l’information à ses membres à la dernière minute, il y a des réunions à huis clos avant les assemblées, où les membres s’entendent sur ce qui sera dit et voté plus tard. Mais j’ai bon espoir qu’une reconstruction se fera en tenant compte des critiques. » À ce point de vue, partagé par Pascaline Gréau, Jacques-Benoît Roberge ajoute que la FFT doit devenir plus démocratique, moins centralisatrice et davantage à l’écoute de ses membres. Lui-même s’est retiré de la table de recommandation franco-ténoise parce que sa représentativité était compromise par l’absence de plusieurs organismes. « Il y a, dit-il, un déclin des activités francophone en région. Oui, c’est dû en partie à la disparition du programme de développement communautaire, mais la FFT n’a pas su innover afin de diversifier ses sources de revenus. Mais c’est aussi dû au repli de la FFT sur elle-même et à sa difficulté à organiser des services concrets à l’extérieur. »
Selon Yvonne Careen, la FFT doit davantage se concentrer sur le soutien de ses membres et non sur les services, hormis certaines exceptions comme la santé. « La culture, donne-t-elle comme exemple, c’est l’AFCY, et on ne doit pas piler sur ses prérogatives. Et il faut rétablir la vie francophone dans les quatre communautés et que l’entraide entre les associations devienne plus forte. » Justin Carey, président de l’Association franco-culturelle de Hay River, considère, de concert avec Marie-Christine Aubrey, qu’il y a un manque de communication avec les régions. Quant à la centralisation, Justin Carey suppute qu’elle pourrait être involontaire, due au fait qu’il y a eu beaucoup de mouvement de personnel dans les dernières années alors que Léo-Paul Provencher était là, lui, depuis longtemps.

Règlements
Le président de l’Association des parents ayants droit (APADY), Jacques Lamarche, ne considère pas la FFT comme un organisme manquant de transparence ou non démocratique. « Il y a toujours, souligne-t-il, des moments pour présenter son point de vue, lors des assemblées générales, ou bien en particulier à un membre de l’organisme. Par contre, tous ne comprennent pas le rôle et le mandat ne la FFT. Le nouveau directeur général devra corriger cette situation. » Il ajoute que la FFT devrait modifier ses règlements afin qu’on puisse en être membre sans déjà siéger à un autre conseil d’administration, ce qui constitue une surcharge de travail. Jacques Lamarche croit en outre que la FFT devrait prendre en charge l’organisation de la réunion de mars, où ses membres doivent établir un calendrier commun. Il fait remarquer qu’aucun organisme ne s’est jusqu’à présent porté volontaire pour jouer ce rôle, alors que par le passé, plusieurs groupes ont, par manque de cohésion, organisé des événements en même temps, se tirant du coup dans le pied.

Finances et structure
Selon Pascaline Gréau et Jacques-Benoît Roberge, le salaire du directeur général et de son assistante sont trop lourds en regard du budget global de la FFT. « Le revenu total prévu de la FFT, précise Jacques-Benoît Roberge, est de 994 000 $ pour 2013-2014. Le poste des salaires et avantages sociaux est de 530 000 $, dont environ 200 000 $ pour le directeur général et son adjointe. » L’administrateur de l’AFCY considère qu’une partie de cette somme pourrait être versée à un récréologue ou un agent culturel basé à Yellowknife, et qui desservirait les régions. Les gens s’y disent épuisés. « Nous n’avons plus de local, personne pour nous aider, s’exclame Marie-Christine Aubrey. Les gens se sont brulés. Quelqu’un m’a dit : “Ne prononce plus devant moi le mot francophone!” Il nous faut de l’aide pour les activités jeunesse. »
Dans l’impossibilité où se trouvent la FFT et ses membres d’engager une personne même à temps partiel pour chaque communauté, un agent desservant les régions serait une solution pragmatique, croit Jacques-Benoît Roberge. Alain Bessette, l’éditeur de L’Aquilon, considère qu’il s’agit d’une bonne idée, mais que le poste pourrait être décentralisé à Hay River, et éventuellement jumelé avec d’autres fonctions au sein de la FFT.

Réactions
Le président de la Fédération, Richard Létourneau, a commenté les diverses critiques de ses membres. Il ne considère pas la FFT comme un organisme opaque, non démocratique et centralisateur. Il affirme n’avoir jamais été témoin de huis clos précédant des assemblées. « Nous avons, dit-il, l’occasion de discuter des grands enjeux et les membres de la FFT ont l’occasion de présenter librement leurs idées. La transparence est une notion très importante depuis que je suis président et je crois que ça paraît dans notre façon de fonctionner. »
Richard Létourneau considère avec une ironie certaine le fait que des membres de la FFT communiquent leurs revendications aux médias plutôt que d’en faire part directement à la FFT, ce qui serait, selon lui, la meilleure façon de procéder. « Ce n’est pas tellement transparent de leur part, note-t-il. » Il réfute du même coup les allégations voulant que la FFT soit centralisatrice, arguant que toutes les régions ont une voix au conseil d’administration et que lui-même est basé à Inuvik.
En ce qui a trait aux salaires versés, le président de la FFT affirme qu’ils sont tout à fait dans les normes. « Ma philosophie, élabore Richard Létourneau, est qu’il faut un bon salaire pour des gestionnaires qualifiés. La FFT a déjà eu une direction moins bien payée, mais qui a aussi moins bien travaillé. Le directeur général sortant était très expérimenté et je gagne plus que lui, sans pour autant avoir sa charge et ses responsabilités. Les gens qui ne sont pas d’accord ont droit à leur opinion, moi je vais défendre ma philosophie, avec le sourire. »