Un simple coup de téléphone ferme un chapitre de la petite histoire des francophones des TNO.
Le 21 juillet dernier s’éteignait Mme Jeanne Dubé à l’hôpital de Lac La Biche à l’âge de 92 ans.
Voici un petit résumé de son parcours.
Jeanne Dubé née Limoges voit le jour à Plamondon le 21 décembre 1921. Elle y marie Oral* Dubé à 18 ans et ils vivront sur leur ferme pendant près d’un quart de siècle.
La vie est difficile sur une ferme. En 1963, le couple fait le grand saut et vient chercher du travail dans le Grand Nord et s’installe à Fort Smith.
Si Oral peut facilement trouver du travail, notamment avec le Parc Wood Buffalo, Jeanne Dubé n’avait jamais travaillé à l’extérieur de la maison. Elle apprend alors à mettre à contribution ses qualités de cuisinière.
Elle trouve un travail de cuisinière à l’hôpital puis au collège de Fort Smith où elle enseignera pendant une année la toute première classe de cuisine. Elle utilisera aussi ses connaissances culinaires pour trouver son propre mélange d’épices pour les viandes de gibier, les volailles et les poissons. Sa table d’hôte devient rapidement l’un des beaux joyaux de Fort Smith, recevant de nombreux témoignages d’admiration des nombreux visiteurs de Fort Smith et aussi de la population locale.
La vie de francophones dans le Grand Nord n’est jamais facile. Malgré tout, le couple Dubé conserve fièrement ses racines francophones. Jeanne sera très active dans l’Association des francophones de Fort Smith (AFFS). Elle sera notamment l’animatrice de Fort Smith pour la Grande Tournée les retrouvailles organisée par la FFT. Cette activité visait à regrouper les francophones du Nord tout en leur permettant d’exprimer leurs besoins en terme de services en français.
Le couple retournera finalement à Plamondon en l’an 2000. Oral décèdera six mois plus tard en janvier 2001.
Témoignages
Guy Leguerrier répond sans hésiter que ce sont ses qualités de cuisinière qui lui reviennent en mémoire lorsqu’il pense à Jeanne Dubé. Pendant de nombreuses années, il a en effet été en mesure de savourer les petits plats de Mme Dubé qui se retrouvaient souvent sur les tables lors des activités de l’AFFS.
Jeanne Leguerrier était une très bonne amie de Jeanne Dubé. Ce dont elle se souvient, c’est l’immense sens de l’humour de Jeanne.
« Quand Jeanne était autour, il n’y avait personne qui restait sérieux, » avoue Jeanne Leguerrier. Elle avait tellement d’histoires qu’on l’avait surnommée « la sagouine du Nord ».
Gilles Paquin, qui réside maintenant à Yellowknife, se souvient de la nature généreuse de Jeanne Dubé. « Elle avait le cœur sur la main, explique Gilles Paquin. Peu importe la religion ou la race, elle était ouverte à tous les gens. »
Il se souvient que Mme Dubé assistait souvent aux réunions de l’exécutif de l’Association, même durant les années où elle n’avait plus de responsabilités administratives. Il se souvient que c’est Jeanne Dubé qui avait joué un grand rôle pour l’invitation de sa nièce (l’artiste d’influence acadienne Crystal Plamondon) à venir en spectacle aux TNO.
Jeanne Dubé laisse notamment dans le deuil ses quatre enfants, neuf petits-enfants, quinze arrière-petits-enfants et sept arrière-arrière-petits-enfants.
Sa mémoire sera conservée grâce au prix Jeanne Dubé, qui sert à remercier publiquement des bénévoles et des Franco-Ténois qui se distinguent pour leur travail de promotion de la langue et la culture canadienne-française aux TNO. Il suffira d’ajouter un trait d’union.
* et non pas Aurèle ou Orel.